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FICHE DE PERSONNAGE DE LORD. HORATIO NELSON

Nom: Horatio Nelson

Age: 890 ans (physiquement, en fait 50)

Race: Humain Numérien

Sexe: Homme

Classe sociale: Noble d'Elaris, ancien Général d'armée

Renom: Lord (Ou Seigneur, comme vous voulez)

Guilde: Membre du Clan des chasseurs (Il lui arrive très souvent de travailler avec l'Ordre d'Albatras, l'Ordre du Temple Blanc et la confrérie des gardes)

Religion : Koriannisme

Or: 500 écus

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Visible : Horatio sait allier l'utile à l'agréable : il ne sort pas dans des vêtement simples, et essaye toujours d'être aussi soigné que protégé. Il porte une armure complète de général de l'armée d'Elaris, et des vêtements aux couleurs de la capitale : bleu marine et or. Il sait se battre avec n'importe quelle arme, mais il n'a qu'une masse d'armes classique, une hallebarde (dans son dos), et saLame de Réalité (à sa ceinture), qu'il traîne depuis sa chute. Il est allé voir David Korp il y a une trentaine d'années, ce qui lui a permis d'obtenir un Anneau Félin. Il possède également une Chevalière Mudry, une Bague d'argent, ainsi qu'un Anneau de Liamhan. Il garde toujours avec lui un Sac des longues traversées, auquel est accrochée sa masse d'armes.

Non-visible : Il porte un Couteau de chasse à sa ceinture, qui est caché sous son armure. Dans son sac, il y a: une bible (Korienne), une vieille Carte du Monde, un exemplaire de la Législation Barovienne, une longue-vue, une grande cape, ainsi qu'un carnet, une plume et un flacon d'encre. Dans la poche droite de son sac de voyage, il y a un pendule dévissable, dans lequel se trouve un vieux bout de papier marqué du prénom "Amélia", il l'ouvre souvent, par peur d'oublier ce nom. Il a également un paquet de cartes classiques, une petite plaque de métal rouillée sur laquelle on peut encore lire "Horatio Nelson", et dans l'autre poche, il y a une Potion de soin, une petite bourse avec cinq dents humaines, un sifflet fait dans une griffe de Griffon et une vieille médaille de guerre, qu'il garde comme souvenir, mais aussi comme preuve de ses nombreux exploits.

Compagnons: Horatio a eut plusieurs chevaux dans le passé, mais ils sont tous morts d'une manière différente, que ce soit à la guerre, de maladie, ou comme son dernier destrier : de vieillesse. Depuis sa mort, Horatio n'est pas remonté sur un cheval. Mais plus récemment, il s'est lié d'amitié à un Griffon Blanc, qui l'aide à voyager ou à se sortir de situations dangereuses. Il n'a pas voulu lui donner de nom car cet animal tient trop à sa liberté pour être possédé, même pas une appellation.

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Connaissances: Cet exilé a oublié la plupart des choses qu'il a appris, mais il a tout de même eu le temps d'en apprendre de nouvelles : il sait piloter les navires, qu'ils soient flottants ou volants, il parle le Spiraleum, le Bielomova, l'Emporosien moderne et le Langage Ancestral Universel. Il a apprit à chasser et sait se battre avec presque n'importe quelle arme, que ce soit au corps à corps, ou à distance. Sa très longue expérience en tant que soldat lui a permis d'apprendre à soigner des blessures plus ou moins grandes. Il a un grand sens de la stratégie et une grande culture générale, que ce soit en histoire, en géographie, ou en littérature. Il a apprit les bases de la menuiserie et de la forge mais n'en connait que les rudiments. Il possède un niveau en alchimie (et en herboristerie par la même occasion) moyen, il saura faire quelques potions basiques mais aura forcément besoin des recettes s'il doit faire autre chose que du poison paralysant. Horatio est également légèrement doué en ce qui concerne la mécanique et la technologie, elle l'a accompagnée tout au long de sa vie, que ce soit à Numenera ou à Elaris.

Aptitudes : Comme tous les Numériens, il profite d'une régénération, d'une force, d'une agilité et d'une perception accrue, mais H. Nelson a comme capacité principale sa volonté de faire le bien autour de lui. Il utilisera ses compétences pour venir en aide aux plus démunis, et même s'il peut être réservé à cause de son amnésie, il n'hésitera pas à mettre sa vie en jeu s'il peut espérer sauver quelqu'un qui le mérite.

Magie : ///

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Histoire:

Première partie

Je tombe.

Il fait nuit, je ne vois plus rien que le vide qui s'offre tout entier à mon corps.

Pendant un court moment, je ne sais plus comment j'ai bien pu, à un moment dans ma vie, décider de sauter dans le vide, de faire volontairement une chute 65.600 pieds de haut.

Tandis que le vent caresse amoureusement mon visage, je me souviens, tout me revient subitement à l'esprit :

Je me nomme Horatio Nelson, je suis né à Numenera en l'an 570, et je pense honnêtement que l'on peut qualifier mon existence de "banale", sans la moindre importance. Tout jeune, je m'intéresse aux langues, à la littérature, et à l'histoire. Mes parents voient déjà en moi un futur lettré, et j'acceptais cet avenir déjà dessiné avec joie : ainsi, mes parents seraient fiers, j'honorerai mon nom, et je me voyais déjà vieillir en paix, sans prendre le moindre risque.

Je suis les études adéquates, et mène une vie ordinaire. Je fais un jour la rencontre d'Ecila Nipohc, une charmante Numérienne, elle aussi passionnée d'arts, de lettres et d'histoire. Le lendemain de mes 18 ans, nous sommes déjà mariés.

Après m'être illustré pour ma grande éloquence et ma qualité d'écriture, je suis des études de philosophie dans la grande académie de Numenera. J'écris un livre sur l'éthique et la morale, un traité théorique sur l'avenir brillant de notre nation : des livres qui trouveront rapidement leur place dans les bibliothèques Numériennes, des livres qui ne peuvent certainement pas être qualifiés de "révolutionnaires".

Je m'installe avec ma femme dans la vielle-ville de Numenera, et je me vois déjà y vieillir avec elle, entouré de mes enfants, que je pourrais éduquer dans de bons principes comme mes parents l'ont fait.

C'est en 593 que ma vision du monde va changer : je n'ai alors que 23 ans, et un début de carrière d'écrivain, de philosophe, quand la ville de Raknama (une petite bourgade située à quelques 200km de Numenera) est entièrement rasée par l'armée de Kranmar. Je réalise alors que notre situation n'est pas aussi "paisible" qu'on nous le laisse entendre. Nous sommes sur la liste noire des Kranmariens, l'affrontement est proche, peut-être adviendra-t-il demain ? Le mois prochain ou le siècle prochain ? Je comprend à quel point notre équilibre est fragile, et j'en fais part à Ecila, qui tente de me rassurer, en me disant que nous serons ensemble si cet affrontement advenait, que c'était tout ce qui comptait pour elle.

Mais je crains pour ma vie, pour la sienne, celle de mes parents, et celle même de tous ces Numériens, que je connais, ou ne connais pas, les paroles de ma femme n'y feront rien : je décide de prendre les armes. La philosophie ne pourra rien contre des Kranmariens enragés, s'ils ne peuvent comprendre que la violence, c'est ainsi que je défendrais mon peuple. Le lendemain de cette réflexion, je m'engage dans l'armée Numérienne en tant que volontaire.

Je suis jeune, mais surtout, je ne suis pas habitué à cela : la violence, l'effort physique... On m'hurle dessus, on me brise, mais j'ai quelque chose que les autres soldats n'ont pas : j'ai de la détermination, une volonté de fer, je veux défendre le royaume qui m'a vu naître, même si je dois mourir pour lui. Je ne rentre chez moi qu'une fois par mois, et à chaque fois Ecila espère me faire changer d'avis, mais à chaque fois, elle espère de moins en moins. J'ai enfin trouvé ma place, parmi ces hommes, ces femmes, qui sont tous prêts à mourir pour les mêmes causes que moi, je me sens à ma place.

L'entrainement basique durera six mois, j'en ressors grandit, et je suis même félicité par mon supérieur, qui m'accorde un mois de repos avant la suite, ce que je refuse. A la place, je décide de ne prendre qu'une journée de pause, durant laquelle j'explique la situation à ma famille. Faire ce choix est aussi dur pour moi que pour eux, mais ils comprennent ma décision, et ma volonté de devenir soldat, ils me voient changé, ils rencontrent enfin le véritable Horatio, celui qui se cachait derrière tous ces livres depuis 23 ans. A la fin de cette journée, je passe une dernière nuit d'amour avec ma femme, la dernière avant un très long moment, car nous n'aurons plus de moment rien que pour nous avant deux ans. Mais notre amour est véritable, et résistera à cette courte séparation.

Durant les deux années qui suivirent, mon corps et mon mental évoluèrent. Je ne délaissai pas pour autant la culture, tout au contraire, mais mes préoccupations étaient désormais plus vastes. On me plaçait dans une section spéciale, réservée aux aspirants capitaines. Je tentais d'expliquer à mon supérieur que je ne désirais pas ce grade, mais il ne me laissa même pas terminer ma phrase. "Je place mes hommes là où est leur place, et non pas là où sont leurs fantasmes".

On m'appris à gérer des troupes, à me battre à l'épée, au sabre, à la dague, à la hache, à la masse, au marteau, à l'arc, à l'arbalète, à l'hallebarde... Toutes les armes qui auraient pu atterrir entre les mains d'un soldat passèrent entre les miennes. J'eus même l'occasion d'utiliser des armes à feu de grande envergure, destinées aux capitaines de la flotte Numérienne. Je m'illustre au combat et durant les exercices de commandement. Les évaluateurs testent autant notre obéissance que notre aptitude à donner des ordres et improviser sur le terrain. Je ne suis pas un rebelle, j'excelle donc dans les deux domaines.

Nous sommes désormais en 596, j'ai terminé mon entrainement. Mes résultats aux tests sont relativement satisfaisants : je suis premier dans chaque catégorie, et l'on me met d'office à la tête d'un petit groupe de six hommes, mais avant cela, on me laisse trois mois de vacances, pour "souffler" selon mon capitaine. Ces trois mois seront certes reposants, mais j'attend avec impatience de pouvoir diriger cette petite troupe à travers les contrées désolées de Cydonia. Ma femme est heureuse d'enfin me revoir. Le simple fait de tenir son visage entre mes mains me fait, l'espace d'un instant, douter de mes décisions. Peut-être ai-je fait le mauvais choix ? Peut-être aurais-je du rester auprès de ma famille ? Non. Si je veux protéger ceux que j'aime, il me faut prendre une décision, et cette décision, je l'ai prise il y a 30 mois quand je me suis engagé dans l'armée Numérienne.

Les trois mois sont passés, je suis loin des bras de ma femme, mais me voilà désormais à la tête d'un groupe de six soldats : Lehcim, Leirbag, Leiru, Lëahpar, Leihpoj et Leiqdast. Ce sont trois Numériens et trois Numériennes assez obéissants, robustes et entraînés, je ne pouvais pas rêver mieux. Nous sillonnerons les terres de Numenera durant cinq ans. Nous aidons les citoyens dans la ville, protégeons les agriculteurs des monstres, et lorsque c'est nécessaire, nous exécutons quelques Kranmariens qui se seraient trop approchés de la cité, non pas sans plaisir.

C'est en l'an 601 que tout dérape. Tandis que nous traversons un champ, à quelques kilomètres des murs de la cité, nous voyons une épaisse fumée noire s'élever vers l'Est, à quelques 1.500 pieds. Nous courrons vers le lieu sinistré, un petit village de fermiers. Lehcim, le plus faible, mais aussi le plus rapide d'entre nous part devant, persuadé que ce n'est qu'un incendie non-contrôlé, je le laisse faire, et il court donc vers le village, nous le suivons de loin, courant aussi, mais incapables de rivaliser avec sa vitesse. En approchant de l'entrée du village, une odeur se dégage, une odeur de chaire brûlée. Puis nous entendons des cris d'agonie et de terreur, et sentons nos cœurs battre dans nos poitrines. Nous courons plus vite encore, et le massacre se dévoile sous nos yeux. Le village entier est livré aux flammes, la fumée couvre l'horizon, brûlant nos yeux et notre gorge. Quelques villageois effrayés courent en tous sens à travers le village, et à une cinquantaine de mètres devant nous, se dressent cent Kranmariens, leurs gueules grandes ouvertes, leurs corps rougeâtres couverts d'un sang qui n'est pas le leur. D'habitude, lorsque nous les affrontons, ils ne sont que trois ou quatre, mais cette fois-ci, ce n'est pas un affrontement banal. Je cherche rapidement Lehcim du regard, craignant de ce qui a bien pu lui arriver. Des membres humains sont éparpillés à travers le village, mon cœur se ressert quand je vois enfin le jeune Lehcim, que j'avais promis de protéger au péril de ma vie cinq ans auparavant, ses yeux bleus grands ouverts, le corps tranché en trois morceaux. Je lève mon épée vers le ciel et crie, fonçant vers l'ennemi, suivi de mon équipe entière.

L'affrontement fut terrible. Quand j'y réfléchis, je ne suis pas capable de me souvenir de ce qui a bien pu se passer. Je me souviens simplement m'être levé sur un tas de cent-quatre cadavres : cent Kranmariens, et quatre Numériens. Je me revois courir à travers les champs, portant Leiru, ma plus vaillante guerrière, gravement blessé, puis je me souviens des dernières paroles qu'elle m'adressa avant de s'évanouir : "Capitaine, vous saignez". En effet, soudainement, je me rappelle m'être pris un coup de hache dans la mâchoire, une blessure profonde sans doute, mais ça n'a pas d'importance.

J'ai franchi les portes et je cours désormais à travers la ville, le corps endormi de Leiru dans mes bras. Les Numériens se retournent en me voyant, ce genre de scène est rare en ville, les Kranmariens ne s'approchent pas à moins de dix lieues des murs de Numenera en général.

J'entre dans l'hôpital en ouvrant les portes d'un coup de pied. Je ne me souviens pas de ce que j'ai bien pu dire ou faire, mais je sais que je me suis retrouvé à attendre dans le hall, un bout de tissu pressé contre ma joue, car j'avais refusé les soins que l'on m'avait proposé, et avait préféré attendre Leiru, ou du moins les chirurgiens qui m'informeraient sur son état de santé. Elle était tout ce qu'il restait de mon escadron. Elle était mon escadron.

Les médecins sont rentrés. Je me suis levé. Ils ont baissé la tête, l'un d'entre eux a posé sa main sur mon épaule avant de relever la tête et prononcer ces quelques mots lourds en sens, d'une voix brisée : "Désolé... C'est fini...".

On m'a accordé un peu de repos, sous prétexte que j'avais connu, selon mes supérieurs, une "expérience traumatisante". La vérité, c'est que j'étais devenu violent et impulsif, et qu'ils espéraient simplement me tenir à l'écart des recrues le temps que je me remette.

Je passerai les trois prochains mois à boire, refusant de parler, d'écouter ma femme ou mes amis. On enterra mon équipe, ma seconde famille. Je ne pu prononcer un mot durant l'événement, me contentant de rester tête baissée tandis que le prêtre énonçait ses nombreuses prières. A ce moment là, j'étais au plus bas, quand je sentit une main se poser sur mon bras. Je relevais la tête, et je vis un visage familier, un visage familier en larmes. C'était Aryel, la femme de Leiru, elle me prit dans ses bras, nous partagions la même peine, et c'est à cet instant que je comprenais enfin ce qu'il me restait à faire, en regardant ces six tombes, ces hommes et femmes en larmes. Je devais continuer de me battre, pour que ce genre de chose n'advienne plus jamais.

A mon retour à la caserne, je me proposais à la formation des recrues. Mon supérieur hésita, me demanda si j'étais sûr de vouloir prendre de si grandes responsabilités si tôt après ce tragique événement, si j'étais prêt à endosser ce rôle. Mes sourcils se froncèrent, mon visage devint sérieux, je me dressais de toute ma hauteur face à lui, lui attrapait le bras, et m'approchait à quelques centimètres à peine de son visage et articulait : "Plus que jamais, chef".

Au début de l'hiver de l'an 602, je commençais donc les formations : plus de 500 recrues à entraîner, à éduquer, il fallait qu'en deux ans ces 500 hommes et femmes de Numenera ne soient ni des recrues, ni des hommes, ni des femmes, mais des soldats Numériens, droits, fiers, et forts. Et en l'an 604, je me dressais à la tête d'une armée de 500 soldats.

Je m'occupais d'eux durant dix années. A chaque saison qui passait, les attaques des Kranmariens étaient de plus en plus imposantes, ils étaient plus nombreux, et bien plus proches de la cité fortifiée. En l'an 609, je du même affronter une dizaine de Kranmariens sur les murailles de la ville. Parfois, les groupes atteignaient les 1.000 individus, mais face à mon armée, aucun Kranmarien ne pouvait résister. Nous n'essuyons que très peu de pertes, mais nous savions qu'un jour, l'armée véritable de Kranmar se rendrait à nos portes, et que cet affrontement serait terrible.

J'appris à piloter les navires volants de Numenera, et parfois, je partais en reconnaissance au-dessus des contrées dévastées de Cydonia, pour contempler des ruines de plus en plus nombreuses, et l'empire Kranmarien qui grandissait à vue d’œil.

Les attaques étaient de plus en plus nombreuses, jusqu'au début de l'année 614. C'était un mois d'Homesia comme les autres, il faisait chaud et, étonnamment, aucun Kranmarien à l'horizon. La vie aurait-elle enfin repris son calme et sa tranquillité ? Mes hommes étaient heureux de cette période de repos, mais je me méfiais pour ma part du calme qui précédait la tempête.

Cette tempête eut finalement lieu le 13 d'Homesia de cette même année. Je me levais, comme tous les matins, peu avant l'aube. Il faisait bon en cette douce matinée, une matinée comme les autres. Lorsque le soleil se leva, je remarquais un assombrissement au loin, mais rien d'important. A six heures du matin, cet assombrissement se transforma en une nuée noire et rouge, loin vers l'horizon. A sept heures du matin cette nuée s'accompagna d'un vacarme assourdissant. A huit heures du matin, elle se concrétisa: ce n'était pas une tempête, mais près de 350 millions de Kranmariens fonçant vers Numenera, la totalité du peuple de Kranmar. Ni une ni deux, je prenais mes armes, dévalais les marches de la caserne et alertait ma troupe, certains venaient tout juste de se réveiller, mais à la vue de l'armée s'approchant de la cité, ils prirent leurs armes et grimpèrent dans les navires volants, tandis que d'autres se postaient aux murailles, tous prêts à sacrifier leur vie pour Numenera.

Ces derniers temps, nous n'avions pas mis les pieds dans la cité, et je venais tout juste de réaliser que cinq nouveaux bâtiments avaient germé pendant mon absence : un dôme, et quatre tours. A neuf heures du matin, un chant s'éleva en-dessous du dôme, alors que l'ennemi n'était plus qu'à quelques milliers de mètres des portes de la cité. C'était l'oracle, chantant "Au cœur de la nuit", l'hymne Numérien. Lentement, tous les Numériens, dont mes hommes, se mirent à chanter. Un à un. Tous, sortaient de chez eux, arrêtaient la moindre de leurs activités, et accompagnaient l'oracle dans cet ultime chant, main dans la main. Les tours commencèrent à briller, tandis que le chant montait dans la ville. De murmure, il devenait cri, puis hurlement, et chaque Numérien entonnait "Au cœur de la nuit", sachant que ce serait la dernière fois qu'ils chanteraient tous ensemble. Les navires décolèrent, j'étais alors à bord de l'Elizabeth, avec quelques dizaines de soldats. Les tours brillaient de plus en plus fort, et à la fin du dernier refrain, alors que les murs tremblaient, autant par le cri des habitants que par la course des envahisseurs, les pierres placées à leurs sommets se retournèrent, et la ville se décolla du sol. Seule une partie s'envola, car la quasi-totalité de la ville, donc le dôme central, et le château royal, resta au sol. Mais la zone entourant les quatre tours décolla, emportant avec elle la quelques milliers de Numériens, dont le chant se perdit dans le vacarme de l'envol. Je vis le sol se rapprocher tandis que la ville s'affaissait. Sur le coup, je pensais que le navire tombait au sol, mais c'était l'inverse, le sol fonçait sur nous. Il y eut un grand choc, puis le néant.

Je perdis connaissance.

Seconde partie

J'ouvre les yeux sur un ciel bleu et pur. La lumière m'aveugle et me brûle la rétine, j'ai du rester inconscient un long moment, il est déjà midi, et tout semble calme. Le soleil est haut dans le ciel, les oiseaux chantent. Je sens l'herbe contre ma peau : je suis au milieu d'une prairie découverte, au loin quelques pommiers. Et ça sent... l'été, mon enfance, le repos... Je reste un instant étendu au sol, puis me redresse, et en regardant vers l'horizon, je ne vois rien. Littéralement, il n'y a plus rien après 100 mètres de clairière. Suis-je mort ? Est-ce le paradis ? En regardant mieux, je vois une forme se dessiner derrière les nuages, des nuages étonnamment bas d'ailleurs. Cette forme, c'est le château royal de Numenera. Je me met à marcher dans sa direction.

Visiblement, je ne suis pas mort, et je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle. La ville semble suspendue très haut dans le ciel, et la confusion est lisible sur tous les visages. Je croise d'autres Numériens, en grand nombre. Il semblerait qu'une seule partie de la ville se soit envolée. Mon premier reflex est de foncer vers ma maison, dans laquelle ma femme et mes deux parents vivaient. Ecila est toujours en vie, un véritable miracle. Je la sers fort dans mes bras, pendant un instant je pensais avoir tout perdu. Mes parents n'ont pas eu autant de chance : ils faisaient leur marché quand la ville s'est envolée. Je suis triste, mais je ne pleurs pas. Après tout, ils avaient vécut heureux, riches, et pendant de longues décennies.

Je croise certains de mes hommes qui ont eu la chance de survivre, et sur tous les visages se lit la même question : "Et maintenant ?". En ma qualité de chef de guerre, je me décider d'aller voir le roi en personne, tandis que les Numériens s'affairent à chercher leurs proches sous les décombres, et sortir des ruines qui autrefois étaient leurs maisons leurs biens précieux. Arrivé dans le château, je suis étonné de ne voir aucun garde, et je monte donc directement au dernier étage, là où réside normalement le Roi. A mon grand étonnement, il n'est pas là, mais ses deux enfants sont présents. Je n'avais même pas imaginé la possibilité que notre souverain puisse mourir.

Je m'incline face à Reimerp et Nollif Siocnarf, principalement étonné de voir la princesse, qui semble en parfaite santé. Aux dernières nouvelles, elle était aux portes de la mort. Est-ce lié à l'élévation de la ville ? Ou à la disparition de Ednallo Siocnarf ? Le prince s'adresse à moi sur un ton joyeux:

"Allons vieil homme, ne reste pas courbé ainsi ! Que nous vaut ta présence ?"

Je me relève légèrement, et tente d'articuler quelques mots. "C'est que... Le roi... La ville..."

Nollif me coupe avant que je ne puisse construire une phrase compréhensible. "Oui, oui... Le roi est mort et la ville est dans le ciel, nous le savons tout aussi bien que toi. Mais cela ne répond pas à ma question." Il remarque l'écusson que j'arbore sur mon armure. " Tu es chef de guerre à ce que je vois, ton rôle n'est pas de veiller sur la santé du Roi, si ? Alors que me vaut ta présence ?"

Je commence lentement à regretter d'être monté au dernier étage de cette bâtisse, mais je reprend mes esprits et me redresse. Cela semble perturber Nollif, il faut dire que je suis bien plus imposant que lui, plus protégé, mieux équipé, entraîné, expérimenté, mais surtout, je le dépasse de deux têtes, et c'est surtout ça qui semble le déranger. "Monsieur, je viens vous demander vos ordres. Maintenant ? Que dois-je faire ? Quelles sont vos attentes envers l'armée en tant que nouveau souverain ?"

Nollif incline un peu la tête et s'approche de moi, il pose sa main sur mon épaule, peut-être un peu trop haute pour lui, et m'indique le balcon. "Suis-moi, j'ai quelque chose à te montrer, ça devrait suffire à répondre à toutes tes questions."

Je suis donc le prince sur le balcon, sans vraiment comprendre la situation. Je ne fais pas confiance en cet homme autant que je faisais confiance à son père. Il m'approche de la rambarde et pointe du doigt le sol. "Tu vois cette cour, n'est-ce pas ?" J'acquiesce. "Selon toi, si je saute de cette hauteur, quelles sont mes chances de survie ?" J'ai du mal à comprendre où Nollif veut en venir, mais répond tout de même. "Aucune, monsieur, une chute de cette hauteur tuerait n'importe qui si elle n'est pas amortie par une demi-tonne de foin."

Nollif hoche la tête et commence à enlever sa veste. "Enlève ton armure, toi aussi, et ne pose pas de questions, fais confiance en ton nouveau souverain." Je ne cherche pas à comprendre et exécute ses ordres, et me retrouve ainsi dans une tenue assez simple, qui semble faire sourire Nollif, certainement car ainsi, je ressemble à n'importe quel autre vieillard, sans mon armure.

"Si tu veux savoir ce qu'il te reste à faire, monte avec moi sur cette rambarde." Il monte sur la rambarde du balcon, mais je ne comprend pas ce qu'il cherche à faire, et conserve un air dubitatif. "Monsieur..." Il me fait un grand signe de tête, l'air de dire : "Je t'attend, allez, monte." Je m'exécute alors et le suit.

"Bien, tu m'as dit qu'une chute de cette hauteur tuerait forcément, n'est-ce pas ? As-tu d'autres questions maintenant ?" J'hoche la tête, et Nollif me fait signe de parler. "Pourquoi m'avoir demandé d'enlever mon armure ?" Il rigole. "Il n'y a que ça qui t'interpelle ? Bien. Si je nous ai fait retirés nos vêtements, c'est simplement pour ne pas qu'ils soient abîmés lorsque nous tomberons !" Je recule d'un pas. "Quoi ? Qu'est-ce que..." Avant que je puisse réagir, Nollif m'attrape par les épaules et se jette par-dessus la rambarde, m'emportant dans sa chute." Je ne comprend pas, et la dernière chose que je verrais avant le sol, c'est son visage souriant, qui semble si sûr de lui que c'en est terrifiant.

Nos deux corps s'écrasent dans la cour. Je ressens tout, je sens mes côtes se briser, mes jambes se fracturer, mon cœur s'arrêter et mon crâne s'ouvrir sur la pierre grise. Puis je ne sens plus rien, sauf un grand vide. J'ouvre les yeux et je me vois flotter dans une immensité sombre, comme si j'étais au fond de l'océan le plus profond de Sandor. Ça-y-est, cette fois, je suis mort, aucun doute. Je me sens extrêmement reposé, et soudainement, je me sens attiré vers le fond, en baissant les yeux je vois une lumière extrêmement forte, et je ressens un choc, comme si je venais de tomber, encore une fois.

J'ouvre les yeux et inspire d'un coup tout l'air que je peux, je sens mon cœur battre à toute vitesse, je tente de me redresser, je vois mon sang, mes os et ma chair au sol, puis tous ces morceaux se déplacent vers mon corps, mon crâne se répare, mes côtes se replacent, mes jambes se referment, chaque blessure disparaît, et je relève, voyant sur le sol le prince, les mains croisées derrière la tête, étendu de tout son long et me fixant, souriant comme avant le choc. "Alors ? Une chute mortel disais-tu ?" Il rigole. Je ne comprend pas, et lui demande, fixant le balcon se trouvant à une trentaine de mètres plus haut. "Mais... Comment ?" Il se relève alors et rentre dans le château. "Suis-moi, je vais t'expliquer ce que tu as à faire maintenant."

Nollif m'expliqua tout en détail : la maladie de sa sœur, les tours, l'oracle, son père, et la prophétie. Quand il m'a dit que je vivrais pour l'éternité auprès de ma femme, je ne pouvais pas être plus heureux. Il m'assigna à la sécurité de Numenera, j'arpentais la cité à longueur de journée avec une équipe de soldats, à bord de navires volants, à cheval ou à pied. Parfois, il fallait que l'on arrête ceux que Siocnarf appelait les "déviants", des Numériens qui avaient décidé de désobéir aux ordres, à la loi et à l'équilibre même de Numenera. Je livrais ces déviants à la justice, et parfois, j'assistais à leur bannissement. Le plus marquant d'entre eux était certainement un lettré du nom de Titepel Evu'ahc, qu'il me fallut arrêter et conduire au gouffre, là où on le décapita, et où il tomba dans le vide, mais fut remonté par un dragon et disparut à jamais. Nollif semblait très énervé ce jour-ci, et peu après la disparition de Titepel, il adopta de nouvelles lois, plus sévères, notamment sur la procréation et la trahison.

Et ce sont ces lois qui me menèrent à ma perte.

Ma vie répétitive suivait son cours, jusqu'en hiver 1221. Je rentrais chez moi comme tous les soirs pour me retrouver enfin avec la seule et unique personne dont l'existence m'importait. Ecila était bien plus heureuse qu'elle ne l'était d'habitude, et cela me donnait aussi le sourire, et quand enfin je pris le temps de lui demander ce qui la rendait si joviale, elle me répondit : "Assied-toi, j'ai quelque chose à t'annoncer" Elle me conduisit ensuite dans le séjour et me fit m'asseoir sur une chaise, me tenant les mains et s'abaissant à mon niveau. "Eh bien ?" Elle ria un instant, puis se reprit "Horatio. Je suis enceinte."

Les émotions qui m'assaillirent en cet instant étaient assez confuses, je ne savais que penser ou que ressentir. Bien évidemment j'étais heureux, c'est ce que je désirais depuis très longtemps, mais je nous pensait trop vieux pour que ce soit encore possible, et il y avait la loi, Nollif, la peine capitale... "Mais..." Elle posa sa main délicate sur mes lèvres. "Non, ne t'inquiète pas, on l'élèvera ici, dans l'ombre, personne ne saura jamais, tu peux me croire !" Je soupirais un coup, et enlaçait ma femme, qui se contenta de me caresser les cheveux et de me dire : "Tout se passera bien."

Et en effet, tout se passa bien, jusqu'en 1253. Nous avions réussi à conserver ce secret durant de longues années, et notre fille, Amélia, n'était alors qu'une enfant (la croissance étant bien plus longue depuis l'élévation), quand Nollif décida de passer chez nous un jeudi après-midi. Je travaillais à cette heure, mais il désirait parler à ma femme, car il ne la voyait plus beaucoup ces derniers temps, et s'inquiétait pour elle. Mais quand il vit Amélia, il comprit la raison de l'absence d'Ecila.

En rentrant le soir, impatient de retrouver mes deux anges, je vis la porte ouverte, et un mot laissé sur la table de la salle à manger : "Je sais tout, retrouvez-moi au gouffre si vous tenez à votre famille. -Nollif Siocnarf."

Ce soir là, je couru comme je n'avais jamais couru, et arrivait au gouffre, là où Nollif, accompagné de quelques gardes, m'attendait, auprès de ma femme et de ma fille. J'étais heureux de les savoir toutes les deux en vie et en bonne santé, mais Nollif semblait avoir un plan derrière la tête. "Horatio, Horatio, Horatio..." Il faisait les cents pas au bord du gouffre, mais s'arrêta et me regarda, tendant son bras en ma direction. "Je te faisais confiance Horatio, je t'ai donné cette vie de rêve, avec ton métier de rêve, ta femme de rêve, et même une maison de rêve. Alors pourquoi me trahir ? Et ne prétend pas que tu ignorais les lois, tu les as toi-même exécutées ! Je ne pensais vraiment pas que tu puisses me cacher ce genre de chose..." Il haussa les épaules. "Mais bon, nous y voilà maintenant. Tu peux réparer tes erreurs, tu peux sauver ta famille, tu n'as qu'un choix à faire !" Je répondit sur le champ. "Tout ce que vous voudrez." Il sourit, et joint ses mains comme pour prier. "Ta femme, ou ta fille, Horatio." Je ne comprenais pas, et ne pouvait choisir, ce genre de décision était impossible à prendre, j'aurais préféré mourir plutôt que d'avoir à décider. Je lançais des regards désespérés à mes deux anges et au démon qui me les avait enlevées. "Alors ? As-tu choisi ? Tu peux tout aussi bien les perdre toutes les deux !" Je ne savais pas quoi répondre. "Je..." Et c'est alors qu'Ecila, qui avait les mains liées dans le dos, interpella le souverain. "Nollif, ce n'est pas à lui de faire ce choix, c'est à moi." Il se retourna et regarda avec amusement Ecila. "Ah oui ?" Elle hocha la tête. "Mais très chère, vous n'êtes pas en mesure de..." Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, le corps d'Ecila tombait déjà dans le vide, elle venait de se sacrifier. Je criai, accourant vers le bord, espérant qu'elle ait survécut. "Non !" Mais tout ce que je vis, ce fut les nuages, l'immensité, et le silence. Nollif détacha Amélia, puis partit avec les gardes.

La vie reprit son cours, mais sans Ecila, tout était fade. Heureusement, Amélia était toujours là, elle était tout ce qu'il me restait, et je l'éduquais seul. Les autres enfants ne l'appréciaient pas, et elle était harcelée à longueur de journée, jusqu'au jour où ces violences partirent trop loin. C'était en 1419. Il y avait un homme, un peu plus jeune que moi, mais bien plus âgé qu'Amélia. Il passait son temps à l'observer. Je voulais, comme n'importe quel père aurait voulu à ma place, réduire cet "individu" à néant, mais je savais quel sort Nollif réservait aux traîtres, et je ne voulais pas qu'Amélia perde son unique parent. Mais un jour, cet homme franchit la limite, il entra chez nous pendant que je n'étais pas là, et tenta d'abuser d'Amélia. Mais elle ne se laissa pas faire, et en rentrant, des gardes m'attendaient devant chez moi, la porte ouverte laissant apercevoir le sol, entièrement recouvert de sang et de chair. Amélia avait été conduite au "jugement" de Nollif. Je savais qu'elle ne serait pas tuée, et une fois de plus je ne tentais rien, on l'avait seulement condamné à deux semaines d'isolement après tout. Quand elle me fut rendue, elle était différente. Elle avait perdu ce qui faisait d'elle une enfant.

Trois jours plus tard, elle plongea dans le gouffre, tout comme sa mère avant elle, préférant la mort plutôt que de rester dans cette ville terrible.

Je restais chez moi durant plusieurs semaines, refusant de travailler, de sortir. Nollif m'avertit, mais rien n'y changea, et je fus conduit moi aussi devant sa "justice". On me condamna à deux semaines d'isolement, comme ma fille, mais je découvrais alors l'envers du décor : cet "isolement" nous isolait des autres Numériens, mais il nous exposait à une horde de Rats Géants affamés. Pendant cette longue torture, je pris le temps de réfléchir, la douleur n'importait plus, c'est à peine si je la ressentais avec le temps. Je me suis alors souvenu des paroles de Titepel. Et s'il disait vrai ? Ma femme, ma fille, sont peut-être en bas, quelque part, et lui aussi d'ailleurs ! Tout n'est donc pas perdu. Toute ma volonté, qui m'avait poussée, toute ma vie, à suivre les chemins que j'avais pu suivre, revenait d'un coup. Ma colère était forte, ma haine puissante. J'ouvrais les yeux. Un Rat Géant fonçait sur moi. Je l'attrapais au vol, et lui arrachait la mâchoire inférieure à mains nues. Je n'avais pas utilisé autant de force et de colère depuis l'affrontement qui m'avait fait perdre mon escadron. Je remontais du puits dans lequel on m'avait jeté à la seule force de mes bras. Je soulevais l'immense plaque qui recouvrait cette salle de torture souterraine et la jetais au sol. Mon bourreau, qui s'était assoupi, se relevait alors, étonné de me voir sortir de moi-même, le corps encore recouvert de morsures géantes. "Eh ! Vous ne..." Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, je lui perforais le crâne d'un revers de mâchoire de Rat Géant. Je me mis à courir à travers le château, je ne sais pas pourquoi, mais j'entendais une voix, qui me guidait. Était-ce de la démence ? Peut-être. Mais c'était tout ce qu'il me restait.

J'arrivais dans une grande salle, dans laquelle je rencontrais Zimor. Avais-je été piégé ? Zimor, ce titan d'acier, qui tenait à la main l'épée de réalité, une lame dont les pouvoirs immenses étaient méconnus de tous. Je rebroussais chemin, mais il me suivit dans un couloir. Il était trop rapide, je trébuchai, et me retournait, le voyant lever l'épée, prêt à m'abattre. Mes yeux se fermèrent, et au lieu de sentir le choc, j'entendis un éboulement. Le titan avait levé son épée trop haut, avait frappé le plafond, qui s'était alors effondré sur lui. Il fallait réfléchir vite : je pris l'épée et m'enfuit, quittant le château. Des bruits de pas se faisaient entendre de toutes parts, je courais vers le gouffre, mais j'étais cerné. Des dizaines de gardes m'encerclaient, et Nollif arriva, me regardant avec un air grave. "Allons, Horatio, vous n'allez pas vous battre contre tous ces hommes, si ?" Il sourit et tendit sa main vers moi. "Rendez-moi cette épée s'il vous plait, ce sera mieux pour tout le monde." J'hochai la tête. "Vous avez raison..." Il sourit, et je fis de même. "Je ne vais pas me battre contre tous ces hommes." Son sourire disparu aussitôt, tandis que je tombais en arrière, les bras grands ouverts, tenant fermement la lame de réalité.

Voilà où j'en suis rendu.

Je tombe, et après m'être remémoré tous ces merveilleux souvenirs, je vois l'océan, dans toute sa splendeur et son immensité.

Je ferme les yeux, et mon corps vient frapper l'eau gelée.

Il y eut un grand choc, puis le néant.

Troisième partie

J'ouvre difficilement les yeux.

Une drôle de sensation s'est emparée de moi : comme un sentiment de bien-être. Je me sens reposé et loin de tous mes problèmes. Je ne sens plus rien, j'ai l'impression de flotter dans un océan de bonheur et de plaisir. J'entend même les vagues... Les vagues...

"Alors, le petit vieux, t'as fini ta sieste ? Héhé.."

C'est une voix assez grave et particulièrement joviale qui me rend mes esprits, je tourne la tête et je vois un homme, la trentaine, un marin visiblement. Je ne comprend pas qui il est, et en regardant autour de moi, je reconnais la cale d'un bateau. Je suis allongé sur un lit militaire, que l'on réserve généralement aux blessés. La pièce est remplie de grandes caisses en bois, de tonneaux et de hamacs, et est très légèrement éclairée par de petites lanternes posées ça-et-là, principalement accrochées aux "murs" de la pièce.

Je tente de me redresser, mais je ressens une très grande douleur qui me parcourt le corps. En y regardant mieux, je remarque que je suis couvert de bandages.

L'homme, qui me fixait pendant tout ce temps, tenait désormais un petit bout de métal dans la main, qu'il regardait avec attention.

"Alors comme ça, tu t'appelles Horatio, c'est ça ? Mon grand-père aussi s'appelait comme ça, c'était un brave type, bon vivant, jusqu'au jour où on lui a décroché la tête avec un boulet de canon." Il me regarde, esquisse un petit sourire et me lance le bout de métal, que j'attrape avec difficulté, pour y lire l'inscription suivante : "Horatio Nelson", ce qui semble donc être mon prénom, avec, de chaque côté, une petite étoile à huit branches.

Je regarde cet homme que je ne connais pas encore mais qui semble en connaître plus sur moi que je n'en sais moi-même. "Désolé, pour votre grand-père." Il se saisit d'une bouteille contenant un liquide brunâtre qu'il boit au goulot. "C'est rien, c'est pas vous qui avez tiré le boulet, si ?" Je fais non de la tête, et reprend, après un instant de silence. "Dites-moi, où avez-vous trouvé ce morceau de métal ?" Il me regarde en souriant. "Alors vous ne vous souvenez vraiment de rien ? Le capitaine nous l'avait dit en même temps, le choc a du être rude." Je le regarde sans comprendre, il pose la bouteille puis commence à m'expliquer en détail ce qu'il s'est produit, tandis que l'orage gronde encore au dehors.

"Notre navire vient de Spirale, on traversait l'océan Calidi pour aller aux îles supérieures de Lo'Keyah, là-bas, on dépose nos marchandises, puis on en prend d'autre qu'on va déposer dans les ports de la côte Ouest de Spirale, c'est notre boulot, on fait ça deux fois par mois, c'est bien payé, vu qu'il faut en avoir une grosse paire pour oser défier Calidi au Nord pendant les tempêtes. Et justement, au retour, on avait été un peu dévié par l'orage, et on été monté trop au Nord. Puis quand la tempête s'est un peu calmée, y a un gars qui s'est mit à crier, il disait "R'gardez ! Y a un type qui tombe du ciel !". Alors bien évidemment nous on a rigolé, on s'est dit qu'il avait un peu trop abusé sur le Rhum, mais on a regardé, et là on vous a vu, en train de dégringoler, puis "Pouf !", vous avez disparu sous les flots ! Alors en vitesse, on a préparé une barque, parce que bon, on est civilisés quoi, on laisse pas les gens couler comme ça nous. Y a trois hommes qui montent dedans, et d'un coup, croyez-moi ou pas, mais y a un Chroma qui sort de l'eau ! Et vous étiez dans sa gueule !"

Voyant que je plisse souvent les yeux, et principalement sur sa dernière phrase, le marin m'explique ce qu'est un Chroma : une sorte de baleine carnivore, qui aurait de grandes rangées de dents et une peau de pierre. Il reprend ensuite.

"Donc, elle vous tenait dans sa gueule, et il essayait de vous mordre, mais votre armure résistait, elle résistait à fond ! Nous on a pris peur, on est resté sur le bateau, mais quand il vous a lâché, le capitaine s'est mis à nous crier dessus, il nous disait "Allez, qu'est ce que vous attendez ? Allez récupérer ce pauvre homme !". Nous on a peur des Chromas, on sait qu'ils s'attaquent jamais aux bateaux, mais aux barques oui. Alors on hésitait, mais finalement, on avait plus peur du capitaine que du Chroma, alors on a prit nos rames et on a été vous repêcher." Il pointe le morceau de métal que je tiens dans ma main. "Ce truc là, c'est un bout de votre armure, elle a été déchiquetée par les dents de la bête. On pensait que ça vous avait tué, mais même pas, vous respiriez, tranquillement, et c'est à peine si vos blessures saignaient !" Il me montre une caisse contenant des bouts de métal déchirés et des haillons de tissu. "C'est ce que vous portiez sur vous, c'est irrécupérable, je préfère vous prévenir tout de suite."

Je restais un instant à méditer sur ce que le marin venait de me dire. Ce qui me perturbait au plus haut point, c'est que je ne savais pas du tout comment tout avait bien pu commencer, le plus vieux souvenir qu'il me restait, c'était d'avoir ouvert les yeux dans ce bateau, avant ça, c'est le néant TOTAL.

"Ah et c'est pas tout." Le marin se lève et revient avec un objet long enveloppé dans une étoffe de tissu. "Quand on vous a récupéré, vous aviez ça dans votre main. On sait pas comment vous avez fait pour pas le lâcher, mais on a presque eu du mal à vous l'enlever ! Je vous la rend, parce qu'on sait jamais, les autres pourraient avoir envie de vous la voler." Il ouvre alors le tissu et dévoile une grande épée aux reflets bleus, que j'attrape. "Merci." Il hausse les épaules et s'en va, mais avant de disparaître dans l'obscurité, il se retourne et m'adresse quelques mots. "Je sais pas comment vous avez fait pour survire à ça, mais vous êtes un coriace, ça c'est sûr. Moi c'est Marcel, si jamais y a un problème, venez me chercher." Puis il me fait un signe de la main et s'en va. Je retombe dans un sommeil profond.

Le lendemain matin, je rencontrais l'équipage qui m'avait sauvé la veille, Marcel avait une petite trentaine de collègues, certains un peu plus vieux, d'autres un peu plus jeunes. Mais je rencontrais surtout leur capitaine : Abraham Agralid, qui semblait particulièrement jeune pour être capitaine. Je passais une grande partie de la journée à parler avec lui, cet homme, malgré son jeune âge, était un véritable puits de savoir et de culture. Il me demanda si j'avais de l'expérience en navigation, je lui répondais que je n'en savais rien, alors pour venir en aide à mon amnésie, il me proposa de tenir la barre, ce que je fis. Il complimenta mon expérience, car visiblement, je savais conduire les bateaux. Peut-être étais-je un marin ? Je n'en n'ai pas la moindre idée. Il me demanda si un combat m'intéressait, "Pas à mort, évidemment", précisa-t-il. J'acceptai, et le battu en un rien de temps, ce qui l'amusa beaucoup. Il me proposa alors de devenir son second, ce que j'acceptai. Après tout, ce bateau était la seule chose que je connaissais. Le soir venu, on fit un grand repas, car la dernière vente avait été un succès, et que le capitaine tenait à célébrer cela. Selon lui, j'étais un signe du destin, et ma venue indiquait un avenir glorieux pour ce navire et pour son équipage. Il leva son verre au "Vieil homme tombé du ciel". On but, on manga, on ria, et finalement, comme dans toute bonne célébration, on tomba de fatigue et d'ivresse.

Je passerai les trois prochaines années avec cet équipage. Peu à peu, des souvenirs me revenaient, principalement un prénom : "Amélia". Marcel me dit que j'avais à plusieurs reprises répété ce prénom quand je comatais le soir de ma "chute". J'associai un visage à ce prénom, un visage seul, dont je me souvenais. Je ne savais pas qui était Amélia, mais je savais que je devais la retrouver. D'autres morceaux de souvenirs me revenaient : je me voyais, une femme inconsciente dans les bras, sur un tas de cadavres à la peau rouge et écailleuse, en plein milieu d'un village de basse campagne. Je me souvenais aussi être tombé d'un balcon avec un homme au visage souriant, je me souvenais d'une cellule remplie de rats géants, d'un grand visage d'acier, et d'une étrange chanson, dont seul le refrain me revenait : "Sens, au cœur de la nuit, l'onde d'espoir, au cœur de la nuit, mais la nuit ne peut pas entendre, non la nuit ne peut pas comprendre, c'est à croire, que la nuit n'a pas de cœur. Pas de cœur..." A chaque fois que je chantais ce simple refrain, il revenait en moi comme un sentiment de nostalgie, et je tentais généralement d'oublier au plus vite cette sensation.

A bord de ce navire, nommé "L'Intrépide", en l'honneur, selon Abraham, d'une jeune femme qu'on nommait L'Intrépide, et dont l'âme protégeait la famille Agralid depuis des générations, j'apprenais la géographie, que j'avais oubliée, mais aussi l'histoire, et même la littérature. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces marins avaient un certain sens de la culture, et une grande partie de leurs convois étaient d'ailleurs remplis d’œuvres d'art en tous genres. Je réappris à vivre avec ces hommes, on m'apprit les manière dont il fallait faire preuve dans les différents pays que l'on visitait, et Abraham me donna même une carte du monde qu'il tenait de son père : une magnifique carte très détaillée, présentant toutes les contrées connues de ce monde. Il marqua une petite croix rouge à l'endroit où l'on m'avait repêché. Au fur et à mesure de nos nombreux voyages, j'apprenais différentes langues, que ce soit le Bielomova, le Langage ancestral universel, ou même l'Emporosien Moderne.

J'essayai toujours d'obtenir des réponses. Qui était cette Amélia ? Qui étais-je ? A chaque fois que l'on mouillait quelque part, je descendait et entrait dans la première bibliothèque que je voyais, je prenais les livres qui m'intéressaient avec moi, et lorsque je les avais finis, je les donnais au reste de l'équipage, ainsi, L'Intrépide devint une petite bibliothèque flottante. C'est en 1423 que les choses commencèrent à s'éclaircir. Nous nous étions arrêtés à Iblis pour une semaine, je prévenais Abraham : je m'absenterai durant six jours pour trouver des réponses. Cette fois-ci, ce n'était pas une librairie qui attira mon attention, mais une étrange bâtisse marquée d'un grand cercle mauve qui contenait un symbole particulier : un triangle à l'endroit, posé sur un triangle à l'envers. J'y entrais et rencontrait une femme étrange, qui prétendait être une voyante. Elle me parla longuement, me prévenant que je finirais par être poursuivi un jour venu, que la mort se mettrait à mes trousses, et qu'il fallait que je réunisse les miens si je tenais à éviter de tout perdre. Elle me donna un pendule en or ainsi qu'un paquet de cartes, et ferma les yeux, dévoilant ses six bras, puis elle me dit de partir. Je sortais, et n'avait rien compris à ce qui avait bien pu se passer.

Quoi qu'il en soit je continuais ma route, quittant la ville et traversant une zone semi-aride, quand j'entendis des claquements métalliques : un combat. Je me saisissais de mon épée et avançait en direction du bruit. C'est alors que je vis un Kazulia au pelage blanc, encerclé de toutes parts par huit bandits. Je n'avais pas besoin de connaître la raison de cet affrontement, et surgit au milieu de l'affrontement. L'effet de surprise m'avantagea, et je tuais deux bandits en arrivant. Me mettant dos au Kazulia, je défiais avec lui les six bandits restants, qui furent rapides à achever, un bandit me repoussa avec une sorte d'onde de magie, mais je fonçais vers lui et lui tranchait la tête. Aucun d'entre eux ne survécut à ce combat, et je pu me présenter au Kazulia. Il m'expliqua qu'il s'appelait Vokdorah Mudry, et qu'il était ici, tout comme moi, pour obtenir des réponses, les siennes étaient d'ordre religieuses et prophétiques. Ces bandits l'avaient attaqué alors qu'il traversait la forêt. Il me remercia de ma bravoure et m'offrit sa bague, que je refusais, mais il insista pour que je la garde. Selon lui, il ne pouvait pas la garder s'il avait été sauvé : il devait l'offrir à la personne qui lui était venue en aide. Cette chevalière avait, selon ses dires, un "très grand potentiel qu'il fallait apprendre à exploiter". Nous nous quittâmes alors, et je repris ma route, laissant la forêt s'occuper du corps des bandits.

En traversant la région, je rencontrais beaucoup de personnes différentes, et j'entrais dans beaucoup de lieux différents. Le troisième jour, je tombais sur un jeune homme qui courait, l'air effrayé, dans la rue. Je l'arrêtais alors pour connaître la raison de cette fuite, mais il se contenta simplement de me tendre une bague en argent, et de s'enfuir. Quelques secondes plus tard, six gardes, accompagnés d'un homme à cheval, entraient dans la rue, et me voyant avec la bague en mains, m'arrêtèrent. On me conduisit dans un étrange bâtiment, qui devait être la maison du cavalier. Il me dit qu'il était un riche marchand, et que cette bague lui appartenait, ce qui faisait de moi un voleur. Je lui expliquait alors qu'elle m'avait été donnée par un jeune homme qui courait dans la rue, et que je n'avais de ce fait rien à voir avec le vol de son bien, mais il semblait douter, et remarqua la chevalière que je portais. Il la reconnue et me demanda où l'avais-je obtenue. Je lui expliquai alors l'histoire du Kazulia et des huit bandits. Je ne sais pas si c'était grâce à la chevalière, car j'avais l'air d'un simple vieil homme, ou parce que l'histoire que je lui avais raconté lui semblait crédible, mais il me libéra, et me laissa même sa bague, il me remercia pour mon honnêteté et je partais, encore une fois, assez perturbé par les événements. Je rebroussais chemin pour rentrer au port, le trajet fut sans encombres et je rentrais dans les temps, remontant à bord de L'Intrépide.

Notre prochaine escale serait Port-a-Lucine, à Spirale. J'avertis Abraham : c'est là-bas que je descendrai, je dois trouver des réponses, et ce n'est pas en restant à bord d'un bateau que je découvrirai qui je suis réellement. Il comprit ma décision, et deux semaines plus tard, lorsque L'Intrépide s'arrêta sur les quais de Port-a-Lucine, il enleva de son index une de ses nombreuses bagues et me la tendit, comme cadeau d'adieu. C'était un Anneau de Liamhan, que j'acceptais avec beaucoup de reconnaissance. Je quittais donc le port, tandis que tous les marins me faisaient de grands signes d'au-revoir.

Je resterai six mois dans cette ville, je travaillerai en tant que mercenaire et rencontrerai par la même occasion Oscar Kass, un très sympathique Damné. L'on travaillait souvent ensemble, et c'est lui qui m'offrit mon premier Couteau de chasse quand je rejoignit le Clan des chasseurs. Un soir, alors que nous avions tous les deux beaucoup bu, je lui confia la phrase suivante : "Dis-moi Oscar, ne t'ais-tu jamais dit que ça serait vraiment incroyable de pouvoir changer d'apparence, pouf, comme ça ? Imagine, on te poursuit pour une raison ou pour une autre, et d'un coup, tu claques des doigts et t'es quelqu'un d'autre dans la foule." Oscar me regarda, amusé, et répondit "Figure toi que c'est possible Horatio, et je sais exactement comment faire." Le lendemain matin, il m'emmena voir David Korp, qui me défia donc, comme il avait défié de nombreuses personnes auparavant. J'acceptais son combat avec honneur, j'avais beaucoup entendu parler de lui au travers des livres que j'avais pu lire. Je du donc combattre un Mordora Damné, je ne m'y attendais pas, mais je me débrouillai tout de même et esquivait ses coups avec beaucoup d'adresse. Finalement, il fonça vers moi, et je ne pu l'esquiver, alors, soudainement, comme par réflexe, je retirai une main de mon épée et la tendait vers lui, sentant alors toute la puissance de la Lame de Réalité monter dans mon corps, et ma main lança une onde sonore très puissante, qui repoussa le Mordora sur plusieurs mètres. Il était sonné, j'en profitait pour lui abattre les quatre pattes, et il tomba, incapable de relever. Oscar et David furent très impressionnés par mon attaque, mais pas autant que je ne l'étais moi-même, je me souvenais alors du bandit que j'avais affronté, six mois plus tôt, et fit le lien avec la lame de réalité. Oscar me donna ce qu'il m'avait promis, et je partais, accompagné d'Oscar.

Le lendemain matin, je faisais une fois de plus mes adieux. Après avoir échangé une poignée de main chaleureuse (ou presque) avec Oscar, je partais en direction du Nord-Est.

Je marchais longuement, jusqu'à arriver devant un très grand temple, au Nord-Ouest des Contrées d'Elaris. C'était le lieu de culte d'un ordre de chevaliers, qui semblait respecter des principes assez nobles et qui honorait leur Dieu avec beaucoup de bravoure. Je décidai de les rejoindre, et pendant les cinq années qui suivirent, je me battais à leurs côtés, j'eus d'ailleurs l'occasion de combattre accompagné des membres de l'Ordre d'Albatras, et en parlant avec certains d'entre eux, je décidai de m'engager dans la grande et glorieuse armée d'Elaris. Je quittais alors L'Ordre du Temple Blanc, leur rendant tout ce qu'ils m'avaient donné, sauf une bible, que je gardais précieusement.

En 1429, je m'engageais en tant que simple soldat. Très vite, je me fis remarquer pour mes exploits, pour ma persévérance, mais surtout pour mes aptitudes hors du commun et mes grandes connaissances concernant les armes. On me proposa de devenir chevalier en 1431. J'acceptais, je savais qu'en me battant pour Elaris, je me battais pour une cause noble, et pour une paix durable.

C'est en 1437 que je prouvais mes valeurs une bonne fois pour toutes. Nous étions 800 à marcher vers la campagne de Cadela, car une des villes fortifiées venait de lancer un appel à l'aide. En arrivant sur les lieux, nous vîmes un escadron complet d'Inquisiteurs, assiégeant la ville fortifiée. Au total, près de 1.500 hommes étaient là, presque le double de nos forces. Il fut décidé de rebrousser chemin, mais je réalisais alors quelque chose de terrifiant en observant à la longue-vue la ville, je me rend compte qu'elle n'est composée que de civils, pour la plupart Rewynugs et Humols, il n'y avait qu'une poignée de gardes qui tentait tant bien que mal de garder les portes de la ville fermées. J'en alertais alors les trois officiers qui nous accompagnaient. Ce combat se solderait en massacre, si l'on n'intervenait pas sur l'instant. Je partais dans les premières lignes, l'empathie n'a pas lieu d'être lorsqu'on se bat contre des monstres pareils. Nous bénéficions de l'effet de surprise, mais cela ne suffit pas. Beaucoup de nos hommes se firent tuer, et finalement, les Inquisiteurs forcèrent les portes de la ville. J'étais alors gravement blessé, j'avais pris un coup d'épée dans la jambe gauche, et trois carreaux d'arbalète étaient encore plantés dans mon corps. Mais je continuais de me battre avec acharnement, à l'intérieur même de la cité, seul, contre des dizaines d'Inquisiteurs, mon cheval s'était déjà fait abattre depuis un long moment. C'est alors que je vis une jeune Rewynug, de huit ans à peine, qui courait. Derrière elle, un Inquisiteur, armé d'une arbalète, s'apprêtait à l'abattre d'un carreau d'arbalète. Je réfléchis rapidement, transperçant de mon épée des Inquisiteurs. J'étais trop loin pour affronter le tireur, et trop loin de la jeune fille pour la pousser à temps, il n'y avait qu'une solution : je courais alors, et me lançait dans la trajectoire du carreau, qui traversa ma cuirasse et m'atteignit en plein buste. Je tombais au sol, blessé à mort, et la dernière chose que je vis fut un grand oiseau blanc qui s'apprêtait à atterrir près de moi.

Je fus très étonné de me réveiller, j'étais persuadé que ma fin était venue. Mais je fus encore plus étonné lorsque je vis un immense Griffon Blanc, à mes côtés. J'étais dans le creux d'une caverne qui semblait être son nid, creusé par le temps et l'érosion à l'intérieur d'une montagne. J'étais vivant, grâce à lui, mais en très mauvais état. Je restais dans cette caverne pendant quatre jours, à me soigner et me reposer, puis, quand j'eus la force de me lever, le griffon me suivi, et je compris qu'il m'avait choisi. Alors je montais sur son dos, et nous nous envolions, par-dessus les nuages, en direction de la capitale.

J'arrivais au bon moment, car sur la place principale de la ville, on était en pleine commémoration de ma mort, et de celle des 300 soldats qui avaient péri durant l'affrontement. Mes supérieurs furent très surpris de me voir arriver, sur le dos d'un Griffon Blanc de neuf mètres d'envergure, alors qu'ils étaient tout juste en train de m'enterrer. Apparemment, on avait retranscrit mes exploits, ainsi que mon sacrifice, et en voyant le Griffon m'emporter, tout le monde m'avait pensé mort, car le carreau m'avait totalement transpercé.

Je fus promu Officier de l'armée d'Elaris, et le Griffon me donna une de ses griffes. En me renseignant, je compris ce qu'il me restait à faire, et je transformais donc cette griffe en sifflet à l'aide d'un artisan de la capitale. Je me remis très vite de mes blessures, et reprit mon service aussitôt. En 1439, je combattais à Gomorra, et ma bravoure me valut le grade de Général de l'armée d'Elaris. On me discerna une médaille, qui prouvait apparemment mon courage et ma persévérance.

Je devenais quelqu'un d'assez populaire à la capitale, je rencontrais le Roi en personne, qui me félicita et me remercia, et je conseillai souvent les Seigneurs de guerre lors de situations complexes. Je continuais d'apprendre, que ce soit la culture ou les langues, mais aussi l'alchimie, l'herboristerie, le droit, et la mécanique, ce qui me conduit, en tant que Général de guerre, à la tête d'une petite partie de la flotte volante d'Elaris. Le fait de monter dans un bateau volant faisait remonter en moi une nostalgie amnésique, mais je me plaisais à admirer le paysage vu du ciel. On me nomma Noble d'Elaris, et quand je ne combattais pas, j'étais à la cour, dans les salons, ou dans les bibliothèques. Je racontais mon histoire, qui semblait appréciée du peuple, car mes origines étaient aussi mystérieuses que le reste.

Finalement, en 1459, on me nomma Seigneur de guerre. J'acceptai cet honneur, mais le lendemain même de ma montée en grade, j'annonçais mon départ au Chef des Armées. Je lui expliquai que j'étais vieux, que j'avais vécu, et que, même si j'ignorais le temps qu'il pouvait bien me rester à vivre, il fallait que je parte, sans armée derrière moi cette fois-ci, pour enfin découvrir ma véritable nature. Je pris donc mon sac, y déposa mes effets personnels, et partit vers le Sud-Ouest. Sur ma route, je rencontrais une femme masquée habillée de rouge, elle me tendit une bourse contenant cinq dents humaines, et me dit qu'il fallait que je les donne à un groupe de cinq Damnés Baroviens, dont le chef était un grand homme vêtu de noir. J'allais refuser, mais la jeune femme disparu dans un nuage de fumée. Je n'avais alors plus le choix : je me dirigeais vers Barovia, afin de remettre à ces Damnés ce que cette étrange femme m'avait confié.

Description:

Description physique : Horatio est assez grand (1m95), il a le corps couvert de cicatrice, dont son visage, qui est marqué d'une grande trace sur la joue gauche. Il est visiblement assez âgé, mais semble aussi fort et droit. Il a souvent un air perdu, mais en même temps déterminé dans le regard. Quand il ne porte pas son armure de Général, il garde des vêtements assez nobles, ou se cache sous sa grande cape qui lui couvre le corps.

Description mentale : C'est quelqu'un d'assez bon et généreux, prêt à aider les plus démunis, mais il est aussi capable de l'inverse, s'il trouve une bonne raison, il peut très facilement tuer, voler, ou pire encore. Mais il a tout de même des principes, et respecte le code de la chevalerie autant qu'il le peut.

Liens:

Lieu de résidence: Nulle-part

Métier: Ancien militaire, guerrier, chasseur, chevalier, alchimiste, scientifique, écrivain, philosophe, médecin, herboriste et vagabond.

Selon l'Article 6.4 de la Législation Barovienne, Horatio gagne 7/10 de 50 écus chaque semaine, c'est à dire 35 écus.

☀ 6.4-Les Officiers de l'Armée, les Officiers de la Garde, les Membres du Conseil de Spirale et les Membres Supérieurs de l'Ordre de Spirale peuvent recevoir une retraite après 20 ans de service, équivalant à 7/10 de leur ancien salaire, qu'ils soient âgés ou non, tant qu'ils n'exercent pas d'autre profession en recevant cette paye.

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Force: 100 H(110) M(115) L(110) C(105)

Défense: 78 A(93)

Intelligence: 70

Agilité 102 M(92) C(117)

Rapidité: 101 H(106) M(96)

Puissance magique: 49 B(58) L(63)

Perception: 47 G(53)

Sang-Froid: 5 (7)

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